Dimanche soir Zone Interdite a présenté un énième reportage sur les accidents de la route. Mais celui-ci avait ceci de particulier, et de trop rare, de se consacrer aux victimes, non pas juste après l'accident quand il faut recoller les morceaux, mais dans la durée, dans leur vie après l'horreur, quand ils sont alors seuls livrés à eux-même.
Et l'on y découvre les assureurs qui demandent aux assurés de déclarer le véhicule volé pour éviter de devoir payer, on y découvre les agences immobilières et gestionnaires d'HML qui refusent de louer aux handicapés, mais aussi le travail de fourmi des policiers pour retrouver le fumier qui ne s'est même pas arrêté. Et quand un meutrier est condamné, il ne s'agit que de 4 ans, si peu par rapport aux vies brisées... Comment rester insensible face à ces espoirs envolés, ces proches détruits par le chagrin ?
Mais comment aussi ne pas s'interroger sur sa propre conduite. Depuis que j'ai mon véhicule, je ne conduis pas beaucoup, 5-10 minutes pour aller faire les courses, une fois par semaine... Mais là que j'ai passé des entretiens d'embauche, là que je me prépare à devoir aller travailler en utilisant ma voiture tous les jours, je m'interroge : Suis-je moi aussi un assassin en puissance ?
Parce qu'il ne faut pas le nier, des inconscients et des abrutis sur la route, il y en a. Mais ne suis pas aussi sur la route ? Et même si je pense faire attention, qu'est-ce qui me dis que je ne cèderais jamais à un "coup de sang" ?
Quand je prends ma voiture, je n'ai évidemment pas l'intention de nuire, je n'ai pas l'intention de tuer. Mais comment ne pas être inquiet en voyant certains zigzaguer comme des malades, coller "aux fesses" parce qu'on respecte le 90 sur le périph, ceux là même qui après avoir doublé pilent et redescendent à 70-80 au passage du radar automatique ?
Et puis en centre ville, que dire des piétons qui ne regardent pas en descendant du trottoir ? Alors oui, on les "voit venir" la plupart du temps, on ralentit et soit on évite, soit le sac de courses se cogne sur le rétroviseur... Mais n'y aura-t-il pas un jour où je ne l'aurais pas vu venir ? Comment je ferais pour vivre avec cette idée ?
Conduire sur un circuit ne me fait pas peur, tous les autres sont là pour la même chose, avec la conscience du danger. Mais sur route, au milieu des autres, comment ne pas avoir en permanence à l'esprit cette idée de l'accident et de ses conséquences ?
Je ne sais pas, et ça me fait peur...